Tosa Inu

Le Sumotori Canin :

Copyright Joseph ORTEGA

Un vieux proverbe japonais dit « on ko ti shin ». Si vous voulez comprendre les choses nouvelles, étudiez d’abord les anciennes ! Les croisements avec L’Akita Matagi ( chasseurs d’ours) date de 1868, depuis les caractéristiques de type Spitz ont pour ainsi dire disparues au bénéfice de ceux appartenant aux Molossoïdes.

Il n’est probablement pas autochtone, l’archipel du japon, formé de quatre grandes îles, n’avait à l’origine que des chiens de chasse de taille moyenne, des nordiques de type Spitz avec les oreilles petites droites et triangulaires et une queue enroulée.

Il est possible que les premiers molossoïdes aient été introduits par les chinois, des puissants montagnards issus des chaînes himalayennes du Tibet, ces fameux Dogues que l’on donne comme les ancêtres de la grande famille des molosses.

Le premier Shogun ( généralissime) des Tokugawa, Ieyasu, chassait avec de grands chiens aux oreilles tombantes, qu’il nommait Tôken, vers 1580. Les samouraïs avaient pour règle de vie d’être forts, fidèles à leurs seigneurs et insensibles à la douleur, pour s’endurcir ils avaient à franchir des épreuves très difficiles, leurs chiens se devaient d’être comme eux et étaient entraînés au combat, il s’agissait surtout de sujets proches des Akitas avec des types différents en fonction du lieu de leur création : Tosa, Shikoku, Kochi, etc.

Nous retrouvons le zen japonais qui vient du mot sanscrit Dhyana ( méditation), une manière de vivre qui exige : çama (le calme du corps), Dama ( le calme de l’esprit), titiksha ( l’endurance à la souffrance physique et morale !). on peut résumer celle-ci par Seiryo-Ku-Zen-Yo ( utilisez votre énergie efficacement), avec bien sûr le respect de l’adversaire. On raconte que la famille Shimadzu érigea un monument de pierre à Koya, pour tous ceux qui étaient tombés dans la Guerre des Coréens contre les japonais de 1591 à 1598, hommes et chiens des deux bords. Dans la conception Shintoïste les hommes et tous les êtres de la nature sont Hara-Kara ( frères du même ventre).

Des spécialistes de l’entraînement au combat, véritables maîtres d’armes, sont chargés alors de sélectionner les meilleurs et de les préparer aux affrontements.

Les premiers Européens, qui viennent avec leurs propres chiens de combat, surtout britanniques ou irlandais, de type Bulldog, vont leur démontrer que ces chiens ne sont pas à la hauteur lorsqu’ils s’agit de combattre avec ces races fabriquées spécialement pour cela. C’est ce qui encouragea les japonais à croiser leurs meilleurs chiens avec eux, pour donner de la puissance et de la combativité, ils utilisèrent le Bull Mastiff, le Mastiff, le Bulldog, le Bull-Terrier ou le St. Bernard. Le principal élevage se situe alors près de Nagasaki, dirigé par M. Otaka qui tente d’harmoniser le type, tout en améliorant les qualités recherchées, comme la puissance et le courage. En 1908 l’interdiction des combats ne va pas interrompre pour autant ces pratiques dégradantes qui plaisent tant aux humains, d’autant plus que cela rapporte beaucoup d’argent et que la mafia japonaise qui compte environ 90.000 Yakusa (ceux que l’on voit dans les films avec un large tatouage sur le corps et l’auriculaire coupé !), trouve là un marché aussi intéressant que les courses de chevaux. Le principal syndicat Yamaguoshi – Gumi va développer ces combats clandestins dans la région d’Osaka, et émettre des règles très précises, proches de la lutte japonaise ou Sumo. Si en Angleterre l’aire de combat s’appelle « Pit », au japon c’est le « Dohyo », chaque chien est présenté par son entraîneur selon un cérémonial et porte des couleurs précises. Avant le combat on boit du Sake et on jette du sel sur le ring. L’affrontement doit se faire en silence (l’aboiement est éliminatoire) et dure environ 30 minutes, même un chien mortellement blessé ne doit pas émettre le moindre cri et, résister à la douleur « seri ». les blessés seront recousus sans anesthésie, les morts mis dans une caisse avec une courte prière. Les vainqueurs loués, récompensés, ornés de houppes de couleur et de riches colliers qui ont une signification, comme : blanche le printemps, Rouge : l’été, Bleu : l’automne, noir : l’hiver. A l’égal des véritables sumotoris ces chiens sont souvent suralimentés, leur rôle n’étant pas bâti sur la rapidité, mais plutôt sur la puissance et le rapport de force. Il existe d’ailleurs des catégories imitées du Sumo.

Avant le combat des champions on distribue à la foule des gâteaux porte-bonheur, dans cette catégorie c’est la maîtrise absolue, chaque chien sera noté par un juge selon une échelle de points.

Vers 1918, les derniers Tosas respectant le type originel vont disparaître, puisque la sélection ne tient plus compte d’un standard précis. La seconde guerre mondiale va faire des coupes sombres parmi toutes les races canines et le Tosa va avoir du mal à subsister.

Grâce à quelques fanatiques, la race sera reconstituée avec plus ou moins de bonheur, certains sujets ressemblant à des Mastiff d’autres à des Cane Corso, d’autres à des Rhodésian Ridgeback….

On peut dire que la base d’élevage au Japon, a été développée dans la période qui va de 1868 à 1912, par des croisements entre le Kochi et le Shikoku destiné aux combats avant d’être mêlée aux races étrangères comme : Bulldog ( 1872). Mastiff ( 1874) – Braque Allemand ( 1876). Dogue Allemand ( 1924). St. Bernard, Bull terrier. A tel point qu’elle sera appelée quelquefois “ Mastiff japonais”. On sait qu’au Japon et en Chine les chiens européens de type molossoïde sont arrivés assez tôt, on retrouve par exemple la reproduction d’un Dogue Allemand noir, aux pieds blancs, marchant sous un mimosa, appelé : « chien aux pieds de neige » qui date de la dynastie Ts’ing en Chine ( 1644-1911). Pendant la seconde Guerre Mondiale tous les chiens furent confisqués par la police pour confectionner des vêtements avec leur peau, pour les militaires, sauf les Bergers Allemands, chiens de Guerre. Pour éviter de voir leur chien disparaître certains croisèrent leur Tosa ou leur Akita avec des Bergers Allemands.

A l’heure actuelle il existe un cheptel assez homogène, la plupart des sujets sont de couleur uniforme, rouge ou fauve et, on est parvenu à limiter les tailles gigantesques, pour fixer un minimum au garrot de 60 cm pour les mâles, mais au Japon ils sont encore classés en 4 catégories, la taille maximum pouvant dépasser les 80 cm. Sa morphologie est faites de puissance mais les allures restent très élastiques, la tête est caractéristique avec un crâne large et un front pourvu de quelques plis, les oreilles sont tombantes avec une attache haute, la gorge s’orne de fanons. Aux USA le Tosa peut peser 54 à 77 Kg ( 120-170 pounds).

Vie sociale et Education :

Si le Tosa-inu a été considéré au Japon dans la préfecture de Kohchi et dans le Shikoku ( Tosa), comme un chien de combat, il est bon de dire si on veut respecter la vérité, qu’en aucun cas il n’a démontré d’agressivité vis-à-vis de l’humain, à tel point que lorsqu’ un chien est blessé dans un affrontement, il peut être recousu sans anesthésie par un vétérinaire, sans aucun problème. Quant à ses instincts sanguinaires à l’encontre des congénères du même sexe, ils ont été développés par des hommes à l’esprit malsain, car de nature, il n’est pas un chien belliqueux, conscient de sa force il préfère s’imposer naturellement et non utiliser sa mâchoire. On peut voir sur des documents filmés au Japon qu’il lui arrive, même avec un entraînement adéquat, de refuser de combattre. C’est un chien placide, un caractère très équilibré, qui peut vivre une vie de famille à l’égal de n’importe quel molossoïde correctement socialisé, de cette prestance, que ce soit un Mastiff ou un Dogue Allemand. Au Japon on lui confie souvent la garde des grandes propriétés, accompagné d’autres races plus communes comme le Berger Allemand, en sachant bien que sa présence est uniquement dissuasive et qu’il ne faut pas trop compter sur lui pour mordre les intrus.

Comme il a une maturité tardive ( vers 3 ans environ) son éducation doit être progressive et sans brutalité, on peut dire qu’il apprend par lui-même en fonction des expériences positives ou négatives qu’il aura eu.

Il est évident que si on ne lui donne aucun interdit et que l’on exerce aucune autorité souple, il deviendra un animal difficile à gérer.

Dans son pays, il est classé dans les chiens de compagnie ( non-sporting) mais on peut s’amuser à lui faire pratiquer le pistage, de même que certains vont l’employer dans la traque du grand gibier comme le cerf ou le sanglier à la manière du Dogue Argentin. Si l’on s’en tient au standard de la Fédération Cynologique Internationale, qui a été publié le 5 juin 1995, on peut avoir un sujet de 60 cm au garrot qui peut avoir les même qualités sportives qu’un Boxer et, on peut alors, lui inculquer les règles du programme de concours d’Obéissance auxquelles il se pliera volontiers car il a le goût de l’exercice. Aux USA on l’utilise dans les concours de traction ( Weight pulling) en concertation avec le maître.

Il faut savoir que pendant longtemps l’American Kennel Club et le Japan Kennel Club n’avaient pas d’entente mutuelle de reconnaissance de leurs pedigrees, d’où l’écart important du type que l’on peut trouver entre les deux pays, d’autre part les standard vont différer, on pouvait lire en 1973 dans celui de l’AKC que l’Akita devait être agressif avec les autres chiens !

Entretien et Santé :

C’est un chien solide, un athlète robuste qui a rarement des problèmes de santé, on veillera cependant durant la croissance à ce qu’il ne soit pas surchargé en poids, ce qui aurait des incidences sur son squelette, de même qu’il faudra pratiquer le dépistage systématique de la dysplasie de la hanche et du coude contrairement à beaucoup de Molossoïdes, son espérance de vie peut atteindre 10 à 12 ans.

Sa situation en France :

Il est classé dans le groupe 2 ( Pinsher et Schnauzer Molossoïdes et chiens de montagne et Bouviers Suisses Section 2F : molossoïdes de type Dogue sans épreuve de travail.

Les premiers sujets ont été importés en 1996 seulement, par Claude Bordet. On peut dire qu’il est très peu connu, que ce soit du grand public ou même des spécialistes et que son élevage est à l’état confidentiel. En 1999, on ne compte que 6 sujets inscrits au L.O.F. (en 2000 il ne sont que 23) ce qui, prête à sourire lorsque l’on s’aperçoit que le type Tosa a été rangé par la loi 1999 dans les chiens de première catégorie, dits « dangereux », et que le Tosa avec LO.F est en seconde catégorie. Pour l’anecdote on peut dire, que même dans le pays où il y a le plus grand nombre de chiens, les USA, la race est peu répandue et sous la tutelle de l’American Race Breeds ( races rares).

Voir mon livre " ÉLEVAGE ET COMPORTEMENT " , préface du Professeur Denis. Dans mon site!

Pas de commentaire.

Ajouter un commentaire

Vous devez être Connecté pour poster un commentaire.